Zugzwang, par Anthony Boulanger
Poster un commentaire10 juin 2015 par Sylfraor

Illustration Jimmy Rogon
Zugzwang, voilà un drôle de titre pour un roman. Et voilà donc un drôle de moyen de démarrer une chronique que d’expliquer ce que veut dire le titre. Zugzwang c’est de l’allemand. Cela désigne une situation dans le jeu d’échecs où le joueur dont c’est le tour ne dispose que d’options qui dégradent sa position.
Pourquoi un terme pareil ? Tout simplement parce que l’un des sujets composant ce roman, c’est justement le jeu d’échecs, à très haut niveau. Le jeu comme moyen pour des entités de comparer leurs facultés à calculer, à improviser et finalement opposer leurs intelligences.
Je parle d’entités puisque le second aspect du roman est justement la séparation de l’intelligence du corps physique. Notamment, il y a les programmes informatiques purs et les êtres humains connectés au réseau. Attention, les êtres humains sont excessivement connectés dans la vie-rtualité. Ils n’ont plus que vaguement conscience d’avoir un corps humain restant à la charge d’un robot dans le monde réel (robot de type Asimovien, les vrais…). Les programmes se sont également beaucoup améliorés puisqu’ils se sont intellectualisés, devenant capables de s’améliorer par eux-mêmes. Il y a également de nouvelles formes d’intelligence sous la forme d’esprit humain répliqué sur des serveurs et se dissociant complètement de son corps initial. Une copie unique ou des copies multiples. Bref, un monde où les frontières de l’humanité sont devenues floues, le roman rejouant allègrement avec les thèmes de Matrix et d’ExistenZ.
Le récit est vécu du point de vue de Noctambule, un joueur excessivement doué, capable de faire jeu égal avec les IA d’échecs dans toutes ses variantes. Il a l’envie du défi et du jeu et prend toutes les situations comme une nouvelle partie. Il va être confronté à une situation particulière. Celle-ci l’oblige à s’aventurer dans le réseau, dans sa partie officielle, le LightNet, mais aussi vers les parties plus sombres du DarkNet. Le DarkNet où les hackers tentent de conserver une indépendance sur les toutes-puissantes IA de MindBook et de Shannon.
L’histoire est très largement inspirée de la vision des films TRON et Matrix. Elle se déroule à l’intérieur d’un monde informatique rempli de références très geeks, à propos des jeux, du cinéma ou de l’informatique. Elle est aussi le prétexte pour parler de l’évolution de l’intelligence et reposer le problème du « cogito, ergo sum ». Ne sommes nous pas entièrement trompés par une entité omnisciente ?
La lecture de ce qui précède vous aura sans doute permis de savoir si ce genre de roman est pour vous ou non. Je pense qu’il est très typé, il a tout pour me plaire, mais je suis un affreux geek informaticien joueur de jeux de plateau alors bon, la conquête ne fut pas très compliquée.