Sainte Marie des Ombres (3 premiers tomes), par Sophie Dabat

5 décembre 2015 par Lodael

sainte-marie-des-ombres-1Pour quelqu’un qui, habituellement, ne lit pas de fantasy urbaine, voici le second roman du genre que j’ai lu et aimé en peu de temps. Je vous parlais il y a peu de L’héritière, de Jeanne-A Debats. Si ce dernier était plutôt humoristique et second degré, la saga dont je vais vous parler aujourd’hui en diffère totalement dans le fond comme dans la forme. Les deux ont toutefois en commun d’être des œuvres originales, jouant avec les codes du genre, ayant un ton bien à elles. Dans Sainte Marie des Ombres, point de vampires ni de loups-garous. Nous nous aventurons ici dans un futur sombre, qui diffère du monde que nous connaissons par un détail assez simple en apparence : sans que l’on sache pourquoi, un jour, les ombres sont devenues mortelles. Ainsi, toute personne s’éloignant des zones éclairées s’expose, au mieux, à des morsures douloureuses, au pire, à être mise en charpie par les ombres voraces. De jour, la société est similaire à celle que nous connaissons ; mais, dès que le crépuscule approche et que les ombres s’étirent, la peur semble s’installer sur la ville. Les habitants semblent en avoir pris leur parti grâce à des tunnels éclairés permettant de circuler de façon relativement sûre entre certains points de la ville.
1407-sainte-marie2_orgLily Turner est une tatoueuse au caractère bien trempé. Elle aime son chien, son métier, son (trop) gentil petit ami, et surtout, sa liberté. Elle brave le couvre-feu pour sortir son chien la nuit, équipée de lumières et de bandes réfléchissantes ; elle dort plus souvent dans son fourgon avec son chien pour oreiller que dans son lit ; et son langage, pour le moins imagé, tient souvent plus du charretier que de la fille de bonne famille. Pour couronner le tout, Lily a l’habitude de se défendre seule, et sa technique de krav-maga lui permet de venir à bout d’adversaires bien plus musclés qu’elle. Avec son chien comme allié, elle est donc tout sauf démunie. Et cela tombe bien, car elle en aura besoin au cours de ses aventures. En effet, Lily est Sainte Marie des Ombres, la seule qui, pour une raison inconnue, est immunisée au pouvoir mortel de ce qu’elle appelle les dévorantes. Elles peuvent la blesser, mais pas mortellement, et sa guérison est très rapide. Cela suscite naturellement toutes sortes de convoitise, des médecins et laboratoires qui veulent s’en servir comme cobaye, aux sectes d’allumés qui sont persuadés qu’elle est l’antéchrist. En bref, sa vie se résume à une longue fuite, une succession de répits sous des identités d’emprunt, entrecoupées de bagarres plus ou moins sévères avec les différents « bad guys » qui lui courent après.
sainte-marie-des-ombres-3Cela résume, à peu de choses près, la trame des trois premiers tomes que j’ai (sans jeu de mot bien sûr) dévorés. Les trois romans ont une structure très proche, avec un rythme qui va crescendo, une menace qui se précise au fur et à mesure du livre, et un dénouement musclé. Des trois tomes, j’ai un peu moins aimé le deuxième, qui peine un peu plus à trouver son rythme, à mon avis. Au fil des romans, le lecteur en apprend davantage, en même temps que l’héroïne, sur les mystérieuses Ombres, et sur ses pouvoirs à elle. Lily Turner, la tatoueuse marginale, ne pourrait pas être plus éloignée de moi, et pourtant je n’ai eu aucun mal à m’identifier. Il faut l’avouer, j’ai parfois eu envie de la secouer, quand elle refuse toute marque d’affection ou d’amour envers elle, ou qu’elle devient agressive par peur de ses sentiments. Les scènes de baston finales m’ont fait penser à un film avec Bruce Willis, où le gros gars musclé avec un flingue serait remplacé par une petite nana tatouée toute frêle qui fait du krav-maga en hurlant des insanités. Visualiser la scène est assez jouissif ; je l’ai déjà dit, j’ai un gros faible pour les héroïnes fortes et indépendantes, qui sortent des stéréotypes.
En bref, Sainte Marie des Ombres est une bonne saga de fantasy urbaine. L’écriture précise et imagée, par la voix de l’héroïne, nous plonge sans difficulté dans l’ambiance sombre et angoissante du monde des dévorantes. Les intrigues sont bien menées et le rythme est haletant. J’espère vous parler bientôt du quatrième tome, qui devrait nous en apprendre davantage sur le mystère de Sainte Marie des Ombres.