L’instinct du Troll, par JC Dunyach

1 janvier 2016 par Sylfraor

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Couverture par Gilles Francescano

L’instinct du Troll, c’est le livre qui vous explique que le fondement de la légende d’Excalibur a été mal compris, que les nains qui ne creusent pas sont des nains morts et que si les humains passaient moins de temps à réfléchir, la vie des trolls serait plus paisible. Un certain troll peut vous l’expliquer, si on lui demande gentiment et surtout s’il n’est pas en train de gérer son quota de production et ses nains qui ne comprennent pas qu’ils doivent cesser de creuser pour le moment.

 

Ce livre se présente sous la forme d’une suite de courts textes formant un récit complet avec la découverte des protagonistes, les perturbations et les solutions trollesques à celles-ci et enfin un dénouement d’ensemble. Mais surtout, c’est un superbe prétexte à des calembours douteux et à la mise en parallèle de deux univers, celui de la fantasy classique avec le monde de la grande entreprise. Le but avoué est de faire rire l’auteur et la conséquence est de faire également rire les lecteurs.

Pour vous mettre dans le bain, le premier récit traite d’un souci de notre troll avec sa hiérarchie qui lui reproche de ne pas avoir rapporté tous les justificatifs de son dernier déplacement à l’extérieur (une sombre histoire de nécromancien). En plus de lui demander de courir après tous les papiers, le chef va lui coller ce qu’il a de pire comme malédiction : un stagiaire. Et du bon stagiaire, qui va attirer les ennuis comme il se doit, en particulier lorsqu’il croisera des breuvages alcoolisés. Et si vous comprenez que, contrairement aux clients lourds de la taverne, le stagiaire tombe dès le moindre souci avec le serveur, c’est que vous êtes le parfait geek qui va se régaler avec cette lecture.

Y a-t-il des prérequis pour apprécier ce texte ? Oui, un petit peu, dans la mesure où, pour une personne n’ayant jamais vécu les aléas de la bureaucratie de l’entreprise, il y aura des situations inconnues. Heureusement, la fonction publique propose des équivalents et en dernier recours, tout le monde ou presque a un jour dû régler des soucis avec la sécu… Néanmoins, on a un public privilégié pour ce texte, ceux-là seront ravis de retrouver derrière le vampire de la RH ou le plongeon dans la zone perdue des archives une partie de son environnement de travail préféré.

Si vous êtes plutôt accroc à la fantasy, au jeu de rôles un peu vintage et aux nains qui boivent de la bière, il y en a aussi pour vous, avec la reprise de schémas classiques tournés en dérision.

Enfin, un gros coup de cœur pour le personnage du troll lui-même, dont la lenteur d’esprit calculée est la meilleure réponse à la somme des sollicitations stupides qui lui parvient dans cet univers. Les petites touches pour décrire celui-ci, physiquement et moralement (notamment ses abus de l’eau ferrugineuse) permettent de délayer un peu un texte très copieux en situations ubuesques et en jeux de mots plus ou moins approximatifs (mention spéciale au jeu de mots bonus, à réclamer en dédicace à l’auteur).

En résumé, voici le parfait exemple d’une délicieuse satire de l’entreprise dans ses travers, mais évidemment aussi de la fantasy un peu trop convenue qui se fait égratigner tout autant. À lire pour un moment de détente quand votre supérieur vous ennuie et non lorsque vous cherchez le texte de fantasy dont l’intrigue restera dans les annales.

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