Les Imaginales 2015, deuxième partie: les rencontres
19 juin 2015 par Lodael
Il est difficile de reprendre la plume — ou le clavier — pour se replonger dans l’atmosphère des Imaginales après plus de deux semaines. Pourtant, il ne me semble pas vraiment les avoir quittées. D’avoir lu tant de comptes-rendus, faute de mettre les deux mains sur un clavier pour écrire le mien, rend plus difficile l’exercice à présent. Puis, je n’avais pas envie de faire une énième énumération fastidieuse des mêmes auteurs par ordre d’apparition. D’autant que nous sommes deux, et que Sylfraor a vu de nombreux auteurs pendant que j’étais de garde de bébé — et réciproquement. Nous vous ferons donc découvrir nos achats au fur et à mesure de nos chroniques. Je vais donc plutôt vous parler, une fois n’est pas coutume, des éditeurs.
Une maison d’édition, c’est comme un restaurant. Si nous en découvrons un correspondant à nos goûts, nous y retournerons avec plaisir pour découvrir le reste de la carte. Nous ferons confiance au chef dans sa sélection, même si ce ne sont pas des plats que nous avons l’habitude de manger. Au fil des festivals, nous avons donc pris l’habitude de retourner régulièrement sur les mêmes stands, quitte à acheter pratiquement les yeux fermés les nouveautés de certaines maisons. Je souhaite donc mettre cela en lumière aujourd’hui, en faisant le tour de la bulle du livre, non sous l’angle des auteurs, mais sur celui des différents stands qui s’y trouvaient.
Tout d’abord, un peu de contexte. Au centre de la bulle du livre se trouve un immense étal où dédicacent les auteurs invités du festival, dont les livres sont fournis par la librairie partenaire. Tout autour se trouvent les stands d’éditeurs qui viennent avec leurs livres et leurs auteurs, mais ont payé leur emplacement. Souvent, la foule se presse pour la dédicace des auteurs phares du festival — notamment ceux qui ont gagné les prix, ou les auteurs anglo-saxons invités pour l’occasion.
Sur les autres stands, le public est plus épars, et l’occasion est bonne de discuter longuement avec ceux qui y sont présents. L’année dernière, lors de notre « baptême » des Imaginales, cela nous permit de faire plus ample connaissance avec certains éditeurs que nous avions découverts à Zone Franche, le regretté festival de Bagneux, un mois auparavant. Ainsi, nous avions passé une excellente (quoique fraîche) soirée en terrasse à une crêperie en compagnie des Éditions du Riez. La soirée avait été animée par la verve de Christophe Nicolas, un de leurs talentueux auteurs, tourné vers le thriller fantastique. Cette année, nous avons retrouvé l’éditeur, Alexis Lorens, et plusieurs auteurs, dont les adorables Lise Syven (invitée, au centre de la bulle) et Maelig Duval. Nous avons aussi longuement discuté science-fiction avec Arnaud Duval, auteur du Cycle de Torino. Cette année, pas de soirée restaurant tardive, bébé oblige, mais de belles rencontres tout de même.

Les éditions du Riez (Alexis Lorens), et Maelig Duval (il faut que je chronique le Goût des cendres, un jour !)
Les éditions Griffe d’encre (qui éditent La chimère aux ailes de feu, de Li-cam, et les contes myalgiques de Nathalie Dau) nous avaient invités à un pot organisé par la maison l’an passé. Cette maison édite beaucoup d’anthologies et de novellas, mais aussi de très bons romans. Cette année encore, ils ont été adorables, et nous ont même laissés changer bébé derrière leur stand et permis d’entreposer quelques enclumes que nous avions apportées pour dédicace, en attendant de pouvoir croiser Robin Hobb.
Ces deux maisons, ainsi que celles de l’Homme sans nom (nous parlions il y a peu de Xénome de Nicolas Debandt) nous ont longuement et très gentiment accueillis, l’année dernière comme cette année. D’ailleurs, j’y pense, eux aussi ont eu droit à un change impromptu de bébé derrière leur stand au salon fantastique, en novembre dernier. Nous avons acheté leur dernière sortie, Le roi Sombre, d’Oren Miller.
Nous sommes également passés sur d’autres stands, comme celui des éditions du chat noir, même s’il faut bien avouer que nous ne faisons pas partie de leur lectorat cible. Nous ne lisons en effet que peu de bit-lit ou d’urban fantasy (nous avons néanmoins fort apprécié, par exemple, l’anthologie Montres enchantées, très steampunk, éditée chez eux). Je citerai également les éditions Elenya, même si je n’ai eu l’occasion de discuter, pour ma part, qu’au moment du pot de clôture le dimanche soir.
Pour finir le tour de la bulle, avant d’attaquer le centre, il faut mettre un petit bémol à cette disposition. En effet, nous avons à peine aperçu certains stands de petits éditeurs tels que les éditions du Héron d’argent, Luciférine ou l’Armada, cachés qu’ils étaient derrière la fresque, contre l’espace buvette. Je pense que l’expérience du festival a dû être décevante pour eux. Ceux qui disposent d’un grand stand et d’une bonne visibilité, en revanche, sont les Indés de l’imaginaire. Il s’agit du regroupement de trois maisons, les Moutons électriques, Actu SF et Mnémos, qui à elles trois garnissent également beaucoup d’étagères chez nous. Nous avons un faible pour les Moutons électriques, dont les livres sont souvent de très beaux objets, et toujours de beaux textes, alliant de bonnes histoires à une excellente qualité d’écriture.
Ce stand est moins peuplé que l’on pourrait s’y attendre, car leurs auteurs font partie de la brochette des « stars » invitées du festival, au centre. Parmi eux, citons l’incontournable Jean-philippe Jaworski, dont le premier tome, Même pas mort, avait remporté le prix Imaginales l’année dernière (et dont nous avons bien sûr rapporté le second volet). Mais nous vous parlions également d’Un éclat de givre, d’Estelle Faye (coup de cœur des Imaginales), chez les Moutons également. Et ce sont encore les Moutons électriques qui éditent Manesh, de Stefan Platteau, qui a remporté le prix cette année. Que du beau monde, on vous le dit. Nous avons pu discuter plus ou moins longuement (de façon inversement proportionnelle à la file d’attente devant eux) avec chacun d’eux. Notamment avec Stefan Platteau, très disponible suite à son chômage technique (son livre étant en rupture de stock dès le samedi midi)…
Chez Mnémos, nous citerons également Fabien Cerutti, qui a gagné le prix des lycéens avec son Bâtard de Kosigan (tiens, encore un tome 2 qui se trouvait dans notre valise au retour…) et qui a également remporté, en passant, pas plus tard que ce week-end, un nouveau prix aux Futuriales d’Aulnay-sous-bois. Avec son comparse Nabil Ouali (auteur de la Voix de l’empereur), ils ont mis l’ambiance dans ce coin de la bulle du livre. Encore que, les jours passant, certains auteurs arrivaient de plus en plus tard le matin, et avaient d’inexplicables cernes… Auraient-ils passé la nuit, pris d’inspiration subite, à écrire de nouveaux romans ? Hum…
Mais je vais arrêter là, sous peine de sombrer dans l’énumération que je souhaitais éviter. Sur ce, je laisse la parole à Sylfraor, qui a préparé un pot-pourri des « recommandations » faites par différents auteurs au cours de ces quatre jours.
Et voilà, changement subtil d’identité du rédacteur. En effet, plutôt que de faire une liste exhaustive des rencontres avec chacun des auteurs et de leurs œuvres, je vous rapporte en toute mauvaise fois les conseils et remarques essentielles qui me sont restés.
- D’abord, Laurent Whale vous conseille de vous méfier du manque de houblon, cause classique de la fatigue le dimanche des Imaginales.
- Estelle Faye conseille à tous les auteurs jeunesse de ne pas dessiner une Gaule trop petite.
- Adrien Tomas nous recommande une dose de whisky dans le biberon pour aider bébé à faire de bonnes nuits.
- Stefan Platteau nous a bien expliqué que les meilleures sagas sont des trilogies numérotées de 0 à 4.
- Pierre Pevel déconseille de jouer à guili-guili sous la mentounette avec un grand dragon noir ancestral qui serait de passage. Et Lionel Davoust a dû traduire ça à Robin Hobb.
- Enfin, Jean-Claude Dunyach nous a bien expliqué que personne n’avait réellement compris ce qu’était le fondement de la légende arthurienne.
Dans le doute, aux Imaginales, demandez toujours conseil aux auteurs, ils n’ont pas les réponses, mais ils ont de l’imagination.